20 avril 2017
Source: 24 heures.ch

Santé: Deux associations demandent de faciliter l'accès aux médicaments et de mettre en place une stratégie contre la maladie
Le virus de l'hépatite C (VHC) tue. Dans une lettre au conseiller fédéral Alain Berset, l'Association suisse de l'hépatite C (SHCV) et Conseil positif, qui défend les intérêts de personnes atteintes du VIH, révèlent qu'un homme diagnostiqué trop tard est décédé d'un cancer. Les associations critiquent aussi le fait que les médicaments ne sont pas toujours remboursés.
Des thérapies apparues en 2014 ont augmenté les chances de guérison de l'hépatite C de 60% à 90% après trois mois. Mais ces pilules coûtent cher. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) limite leur remboursement aux personnes atteintes d'une fibrose du foie de degré 2 sur une échelle allant jusqu'à 4 ou si la maladie se manifeste en dehors de cet organe. En janvier, Jörg Indermitte, chef de la section Médicaments à l'OFSP, nous assurait que ceux qui ont vraiment besoin d'une thérapie peuvent être traités.
Après de telles interventions, «nos boîtes mail débordent de messages de patients indignés et de médecins qui ne savent plus que faire», répondent les deux organisations. Elles citent le cas d'un homme atteint d'une lésion de degré 4 qui attend une thérapie depuis mai 2016. Daniel Horowitz, président de SHCV, évoque aussi un homme dont le traitement proposé par les médecins n'est pas remboursé pour le type d'hépatite C dont il souffre.
Ce malade s'est tourné vers le sous-continent indien pour obtenir des génériques meilleur marché par le biais d'une filière sécurisée (plusieurs conditions sont posées et l'accompagnement d'un spécialiste est impératif). En Suisse, une cinquantaine de personnes ont opté pour cette solution. Parmi elles, Svitlana, dont nous avons relaté l'histoire et qui termine son traitement. Début mars, le virus avait presque disparu: elle attend de nouvelles analyses dans les semaines à venir.
SHCV et Conseil positif ne revendiquent pas uniquement un remboursement plus large. Dans leur lettre, ils relatent le cas dramatique d'un homme dont la maladie s'est déclarée en décembre 2015. Le diagnostic a été posé en mai 2016. Il était atteint d'une hépatite C depuis des années sans le savoir et avait une tumeur au foie. Malheureusement, il était trop tard: il est décédé six mois plus tard. «Il manque en Suisse une stratégie de lutte contre l'hépatite C qui s'accompagne d'une détection de la maladie, regrette Daniel Horowitz. Dans notre pays, le VHC cause cinq fois plus de décès que le VIH.»
L'OFSP examine la possibilité d'étendre le remboursement du traitement à des groupes qui risquent de développer plus rapidement la maladie et pour lesquels le danger de transmission est plus élevé. Il s'agit par exemple de personnes coinfectées par le VIH ou l'hépatite B. La décision devrait tomber dans les prochaines semaines. L'OFSP précise n'avoir eu connaissance que de peu de cas où des patients se sont vus refuser à tort un traitement: il en a informé les assurances. S'il n'existe pas de stratégie nationale en tant que telle, il ajoute que depuis les années 90, des mesures ont permis de combattre efficacement le VHC. (24 heures)
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